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Les brouillons de Baudelaire

afpLes épreuves corrigées des « Fleurs du mal » révèlent un autre Baudelaire

Pratiquement aucun de ses poèmes n’échappe à l’œil critique de Baudelaire qui biffe et rectifie à la plume tout ce qui lui semble incorrect. Le poète corrige une virgule mal placée ici, demande la modification de la police de caractère là, exige la modification de l’orthographe d’un mot ici encore. Tel Sisyphe, ce perfectionniste semble n’avoir de cesse de retravailler son texte. Certains poèmes sont corrigés à plusieurs reprises. Au final, cela donne un extraordinaire document que les éditions des Saints Pères ont pris l’initiative de publier pour la première fois. L’édition initiale, numérotée, ne comptera que 1000 exemplaires.

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Gustave Courbet, « Portrait de Baudelaire »

Ces épreuves corrigées ont été préemptées par la Bibliothèque nationale de France (BnF) en juin 1998 lors d’une vente aux enchères chez Drouot pour 3,2 millions de francs, une somme colossale pour ce type de document. Jamais encore publié, ce livre rare était consultable sur le catalogue numérique de la BnF, Gallica, mais le confort de lecture, la qualité de l’impression font de l’ouvrage publié ce lundi un document incomparable. Le livre de grand format (25×35 cm) est présenté dans un coffret. L’ouvrage est illustré par 13 dessins au crayon et à la plume qu’Auguste Rodin avait insérés dans son propre exemplaire des « Fleurs du mal ». Les mille remarques de Baudelaire avant d’accorder son « bon à tirer » à l’imprimerie agacent parfois son éditeur. Sur la page de garde, il se plaint : « Mon cher Baudelaire, voilà 2 mois que nous sommes sur les Fleurs du mal pour en avoir imprimé cinq feuilles. »

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Émile Deroy, « Baudelaire »

En fait de poète maudit, on découvre un Baudelaire tatillon, défenseur de la virgule, de l’accent aigu plutôt que de l’accent grave, de l’usage ou non de l’accent circonflexe. Dans la marge de « Bénédiction », un des premiers poèmes du recueil, Baudelaire s’interroge ainsi sur le mot « blasphême » tel qu’il est imprimé sur l’épreuve à corriger. « Blasphême ou blasphème ? gare aux orthographes modernes ! » met-il en garde. Des strophes sont modifiées comme dans « Un voyage à Cythère ». La robe de la muse ne s’ouvre plus « à des brises légères », mais « aux brises passagères ». Les deux dernières strophes de « Spleen », l’un de ses poèmes les plus connus (« Quand le ciel bas et lourd…), sont presque entièrement remaniées. La plume du poète barre la moitié des vers de la dernière strophe. Le livre est finalement publié le 25 juin 1857 chez Poulet-Malassis et de Broise. C’est une consécration pour le poète qui, comme en témoignent ses contemporains, aurait terminé la composition de la majeure partie de son sulfureux recueil au début des années 1850.

Quelques jours après la sortie des « Fleurs du mal », Baudelaire s’attire les foudres de la presse. La direction de la Sûreté publique saisit aussitôt le parquet pour offense à la morale publique et religieuse, et aux bonnes moeurs. L’auteur sait cependant que son écriture survivra. En juillet 1857, il écrit à sa mère : « On me refuse tout, l’esprit d’invention et même la connaissance de la langue française. Je me moque de tous ces imbéciles, et je sais que ce volume, avec ses qualités et ses défauts, fera son chemin dans la mémoire du public lettré, à côté des meilleures poésies de Victor Hugo, de Théophile Gautier et même de Byron. »

Source : dépêche AFP, le 15 juin 2015.

Baudelaire (illustration Google pour "L'Albatros")
Illustration Google faisant référence au poème de Baudelaire « L’Albatros »
L’albatros

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

L’épreuve du bac

Préparation des épreuves

Comment le ministère fait-il pour garder les sujets secrets jusqu’au jour J ?
La confidentialité des sujets demeure une priorité des services du ministère de l’éducation nationale. Cette confidentialité est préservée de multiples manières : très peu de personnes connaissent véritablement et précisément les sujets du baccalauréat qui sont aussi entourés d’un grand nombre de précautions pour l’impression, l’envoi vers les centres d’examens et le stockage avant les épreuves.

Peut-on s’inscrire à plusieurs séries de bac la même année ?
Non. Un candidat ne peut s’inscrire qu’à une seule session par an, et pour une seule série (pour le baccalauréat général, technologique) ou une seule spécialité (pour le baccalauréat professionnel).

Est-ce que je peux passer la même année les épreuves de Première et de Terminale ?
Oui, si vous avez plus de 20 ans au 31 décembre de l’année de l’examen.

Si vous êtes âgé de moins de 20 ans, vous devez être dans l’une des situations suivantes :

– vous avez un enfant à charge au moment de l’inscription ;
– vous êtes de retour en formation initiale ;
– vous étiez régulièrement inscrit aux épreuves anticipées et vous n’avez pas pu les subir (totalement ou en partie), en raison d’absence dûment justifiée et indépendante de votre volonté ;
– vous résidez temporairement à l’étranger au niveau de la classe de première ;
– vous résidez de façon permanente à l’étranger dans un pays où il n’y a pas de centre d’examen ou un centre d’examen trop éloigné de votre résidence ;
– vous avez échoué au baccalauréat général ou au baccalauréat technologique et vous vous présentez de nouveau ;
– vous avez subi les épreuves anticipées du baccalauréat général ou du baccalauréat technologique, et vous ne vous êtes pas inscrit au baccalauréat l’année suivante ;
– vous êtes déjà titulaire d’un baccalauréat général, d’un baccalauréat technologique, d’un baccalauréat professionnel, d’un brevet de technicien, d’un brevet de technicien agricole ;
– vous êtes titulaire d’un diplôme étranger sanctionnant des études d’un niveau et d’une durée comparables à ceux des études secondaires françaises ;
– vous avez changé de série au niveau de la classe terminale.

Sujets de baccalauréat

Pourquoi prévoit-on autant de sujets de baccalauréat ?
Lors de chaque session, environ 4 000 sujets d’épreuves de baccalauréat sont élaborés pour les différentes disciplines, les groupements de pays organisateurs, les différentes sessions (juin – septembre) etc. A côté des sujets principaux, des sujets de secours sont élaborés pour répondre à tout type d’incident qui impliquerait de changer de sujet au cours de la session de baccalauréat. Ces sujets sont conçus, sélectionnés et validés dans les mêmes conditions que les autres. Ainsi, en philosophie par exemple, plus d’une cinquantaine de sujets sont élaborés pour la même session.

Les sujets sont-ils liés à l’actualité ?
Pas vraiment, car les sujets sont réalisés très en amont des épreuves, quasiment une année avant. Une commission académique élabore les sujets entre les mois de septembre et décembre. Entre décembre et janvier, chaque sujet est soumis à deux professeurs, qui donnent leur avis sur la faisabilité et l’intérêt du sujet. Entre janvier et février, les sujets sont éventuellement modifiés. Mais ils sont choisis définitivement par le recteur courant mars.

Déroulement des épreuves

Comment faire si j’oublie ma carte d’identité ?
Dans le cas d’une perte ou d’un vol de carte d’identité, vous devrez fournir un récépissé de la déclaration de perte ou de vol faite auprès des services de police ou de gendarmerie, ainsi que tout document officiel avec photographie permettant de justifier votre identité.
S’il s’agit d’un simple oubli ponctuel, le candidat peut produire provisoirement d’autres preuves d’identité. Le chef de centre enregistrera l’identité du candidat pour la vérifier a posteriori avec le document officiel que le candidat devra fournir dans les meilleurs délais.

Et si j’arrive en retard à une épreuve ?
Lorsque le retard est imputable à un événement indépendant de la volonté du candidat, le chef de centre où se déroulent les épreuves peut, à titre exceptionnel, l’autoriser à composer au plus tard une heure après le début de l’épreuve. Aucun temps supplémentaire ne sera toutefois accordé à ce candidat au-delà de l’heure normale de fin d’épreuve.

Que faire lorsqu’on tombe malade le jour du bac ?
Une session de remplacement se déroule tous les ans au mois de septembre. Elle est destinée aux candidats qui n’ont pu passer celle du mois de juin, pour une raison de force majeure (maladie, accident, etc.). Pour pouvoir bénéficier de la session de remplacement, vous devrez adresser à votre rectorat, très rapidement, un courrier accompagné des pièces justificatives (un certificat médical par exemple). Renseignez-vous sans tarder auprès des responsables de votre centre d’examen pour connaître la marche à suivre.

Est-ce possible de tomber sur mon professeur d’espagnol à l’oral du bac ?
Le code de l’éducation prévoit que les membres du jury ne peuvent examiner leurs élèves de l’année en cours. Il n’est donc pas possible qu’un candidat soit examiné par son enseignant pour les épreuves dites terminales.

Peut-on choisir sa place dans la salle d’examen ?
Non. Une place fixe vous est attribuée pour toute la durée des épreuves écrites. Votre emplacement ainsi que le numéro de votre salle vous sont affichés dans votre centre d’examen.

Ai-je le droit d’écrire au stylo rouge ?
Il n’y a aucune règle sur la couleur de l’encre à utiliser dans sa copie mais il est d’usage de « réserver » la couleur rouge au correcteur.

Puis-je utiliser ma calculatrice pendant les épreuves ?
Ce point est précisé en en-tête de chaque sujet. Sauf mention contraire, toutes les calculatrices de poche (y compris les calculatrices programmables, alphanumériques ou à écran graphique à condition que leur fonctionnement soit autonome et qu’il ne soit pas fait usage d’imprimante) sont autorisées. Il n’existe pas de restriction concernant la taille des matériels autorisés.

Puis-je sortir de ma salle pour aller aux toilettes ?
Les candidats peuvent bien évidemment se rendre aux toilettes mais seulement à l’issue de la première heure de composition et ils n’y sont autorisés qu’un par un et accompagnés d’un surveillant.

Quand puis-je quitter la salle définitivement ?
Vous n’êtes pas obligé de rester dans la salle jusqu’à la fin de l’épreuve. Vous êtes autorisé à sortir de la salle d’examen au bout d’une heure d’épreuve, pas avant.

Y a-t-il un détecteur de téléphones portables dans chaque salle d’examen ?
Depuis 2013, toutes les académies sont équipées de détecteurs de téléphones portables. Les recteurs sont chargés de répartir les appareils de façon aléatoire dans l’académie et veillent à les faire circuler entre les centres d’examen tout au long des épreuves. Attention, il ne s’agit pas de brouilleurs d’ondes, qui eux sont interdits, sauf cas particuliers.

Puis-je parler à mon voisin pour lui demander un stylo ?
Non. Toute communication entre les candidats est interdite pendant les épreuves, il s’agirait d’une fraude.
Cette consigne, ainsi que toutes les consignes à respecter et les sanctions encourues en cas de fraude, sont rappelées à tous les candidats sur une affiche dans chaque salle d’examen. Lors de la première épreuve écrite, ces consignes sont également lues aux candidats.

Puis-je garder mon téléphone portable pour lire l’heure ?
Non. Tous les appareils non autorisés, et donc les téléphones portables, doivent être impérativement éteints, puis soit rangés dans le sac du candidat, soit remis aux surveillants de salle, qui veilleront à ce que les candidats ne puissent y avoir accès pendant la durée de l’épreuve.

Est-ce que je risque vraiment la prison pour une fraude au bac ?
Cela dépend de la gravité de la tentative de fraude. Il existe deux types de sanctions : des sanctions administratives, qui vont du blâme à l’interdiction de s’inscrire dans l’enseignement supérieur pour une durée maximale de 5 ans, et / ou des sanctions pénales, qui prévoient « un emprisonnement de trois ans et à une amende de 9 000 euros ou à l’une de ces peines seulement ». Ces sanctions pénales ne concernent que les cas de fraude les plus graves, tels que la divulgation de sujet et la substitution d’identité.

En cas de fraude, est-ce que je pourrai quand même passer mon permis de conduire ?
C’est une idée reçue qui a la vie dure : l’interdiction de passer son permis de conduire en cas de fraude est bien une légende urbaine.

Corrections des épreuves

Les correcteurs sont-ils obligés de passer un temps minimum sur chaque copie ?
Les correcteurs n’ont aucune obligation de passer un temps minimum sur chaque copie.

La légende de celui qui se serait contenté de répondre « c’est ça » à une question du bac philo « qu’est-ce que le courage ? » et aurait récolté 20/20 est-elle vraie ?
Il s’agit bien d’une légende qui s’ajoute aux nombreuses idées reçues sur le baccalauréat.

Suis-je éliminé si j’obtiens un 0 ?
Non, un 0 au baccalauréat n’est pas éliminatoire.

Il parait que les correcteurs d’oraux de langues notent les élèves avec seulement trois notes (6-14-18), est-ce vrai ?
Absolument pas ! Les langues vivantes font l’objet d’une évaluation très pointilleuse et utilise l’ensemble de la palette de notation, de 0 à 20.

Toutes les copies sont-elles notées de manière équitable ?
Oui. Pour garantir une notation équitable, il existe deux types de commissions auxquelles participent les correcteurs :

– avant la correction des copies pour que le corrigé de l’épreuve soit bien compris et les attendus de correction bien expliqués à tous les correcteurs (commission d’entente)
– après le retour des corrections pour éviter des écarts trop importants de notation entre correcteurs (commission d’harmonisation).

Est-ce que les correcteurs ont des consignes de notation ?
Non, il n’existe pas de consignes orales confidentielles qui seraient données aux correcteurs. Les seules consignes données reposent sur la rédaction des corrigés nationaux qui accompagnent chaque sujet d’épreuve. Ces consignes sont répercutées dans les commissions d’entente.

Puis-je demander à ce que ma copie soit recorrigée ?
Non, la réglementation du baccalauréat ne prévoit pas de double correction qui aurait un coût humain et financier trop important, et qui nécessiterait beaucoup plus de temps.

Peut-on contester les notes ?
Oui et non. Les textes officiels sont formels : « Le jury est souverain, aucun recours n’est recevable contre les décisions qu’il a prises conformément aux textes réglementaires ». Cependant, les erreurs « matérielles » sont prises en compte. Par exemple, s’il y a eu un mauvais report de la note de votre copie à la collante. Pour vérifier que vous n’êtes pas victime de ce type d’erreur, vous pouvez demander à votre centre d’examen une consultation de vos copies. Notez cependant, que ce type d’erreur est très rare : on peut estimer qu’il se produit une inexactitude de ce type pour 10 000 inscrits.

Réussite au baccalauréat

Quelle moyenne faut-il obtenir pour être admis ?
Les candidats dont la note moyenne est égale ou supérieure à 10/20 obtiennent le bac.
Ceux qui ont obtenu une note moyenne inférieure à 8/20 sont ajournés. Ceux qui ont obtenu une moyenne au moins égale à 8/20 passent l’oral de rattrapage.

– La mention assez bien est attribuée pour une note moyenne au moins égale à 12/20 et inférieure à 14/20.
– La mention bien est attribuée pour une note moyenne au moins égale à 14/20 et inférieure à 16/20.
– La mention très bien est attribuée pour une note moyenne au moins égale à 16/20.

Peut-on obtenir plus de 20 de moyenne générale au baccalauréat ?
C’est possible, même si c’est assez rare. Pour cela, il faut avoir brillé dans quasiment toutes les disciplines, et avoir obtenu des points supplémentaires grâce aux options facultatives : seuls comptent les points au-dessus de la moyenne ; pour la première option facultative choisie par l’élève, les points au-dessus de la moyenne sont multipliés par deux. Si ce choix porte sur une langue ancienne (latin ou grec) les points au-dessus de la moyenne sont multipliés par trois.

Quel est le pourcentage de bacs avec mentions ?
Depuis plusieurs années, le pourcentage des bacheliers avec mention a beaucoup augmenté. En 15 ans, le pourcentage de bacheliers généraux avec mention est passé d’un peu moins du tiers à plus de la moitié.

Lors du bac 2013 :

– 13 % des candidats ont eu moins de 10 et sont donc refusés
– 43 % des candidats ont eu entre 10 et 12
– 26 % des candidats ont eu entre 12 et 14
– 12 % des candidats ont eu entre 14 et 16
– 6 % des candidats ont eu plus de 16
En ce qui concerne le baccalauréat général, 54% des candidats ont été reçus avec une mention, dont 10,5 % avec mention très bien. Si l’on rapporte ces chiffres à une génération, sachant que 37,7 % environ d’une génération obtient le baccalauréat général, cela veut dire qu’un peu moins de 4 % d’une génération obtient un baccalauréat général avec plus de 16 de moyenne générale.

Ai-je plus de chances d’obtenir une mention en prenant une option facultative ?
Oui, les options facultatives permettent de gagner des points supplémentaires, grâce à un travail supplémentaire. De plus, ces options permettent de valoriser des connaissances ou des compétences parfois acquises en dehors du lycée (comme par exemple une langue maternelle autre que le français).
Aujourd’hui, la moitié des candidats au bac général ne choisit aucune option facultative.

L’obtention d’une mention est-elle liée à l’origine sociale ?
Il est vrai que les inégalités sociales restent fortes. Un exemple : si l’on considère 100 bacheliers d’origine sociale très favorisée, 50 sont bacheliers généraux avec mention.
Si l’on considère 100 bacheliers d’origine sociale défavorisée, 14 ont obtenu leur bac général avec mention.

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Évolutions du baccalauréat

Est-il vrai qu’on donne le bac à tout le monde ?
En 2013, 73 % d’une classe d’âge est titulaire du baccalauréat, ce qui signifie que 27 % d’une classe d’âge n’y accède pas. Affirmer que l’on donne le bac à tout le monde revient à considérer comme négligeables plus du quart d’une génération. L’objectif principal reste bien de qualifier tous les jeunes français au plus haut niveau de leurs capacités.

Est-ce que le bac sert vraiment à quelque chose ?
Il n’y a pas « un bac » mais plusieurs bacs. Les baccalauréats des séries générales et technologiques permettent de poursuivre des études supérieures et, au fur et à mesure où nous augmentons le nombre de bacheliers, nous augmentons également le nombre de diplômés de l’enseignement supérieur. L’objectif d’atteindre 50% de jeunes diplômés de l’enseignement supérieur est impératif, pour des raisons sociales et économiques.
Le baccalauréat professionnel est un diplôme dont la finalité est l’insertion professionnelle. Or, le diplôme de formation initiale est plus que jamais un rempart contre le chômage. Aujourd’hui, un jeune bachelier professionnel a deux fois plus de chances d’être embauché sept mois après sa sortie qu’un jeune sans diplôme. De plus, une partie des bacheliers professionnels aspire maintenant à poursuivre des études, notamment en BTS, ce qui permettra d’élever encore leur niveau de qualification. Un bachelier professionnel sur 5 s’inscrit en BTS.

Le bac a-t-il évolué au fil du temps ?
Absolument, comme l’explique l’historien Claude Lelièvre. « À sa création, en 1808, le baccalauréat était un examen oral, portant sur les humanités classiques et évalué par des professeurs d’université. Aujourd’hui, il s’agit essentiellement d’un examen écrit comportant une multitude de matières. Et le rôle des universitaires se résume à signer des procès-verbaux. » Autre évolution de taille : « Il n’existe plus un mais des baccalauréats. À la voie générale, on a ainsi ajouté les voies technologiques, en 1968, et professionnelle, en 1985. Et dans chacune d’elles, on trouve plusieurs séries », rappelle ce spécialiste de l’éducation.
En réalité, le bac connaît régulièrement des adaptations. Depuis 2013, de nouveaux enseignements de spécialité font l’objet d’une épreuve, notamment « Droit et grands enjeux du monde contemporain », en L, et « Informatique et sciences du numérique », en S. De même, les langues sont désormais évaluées à l’oral.

Source : Ministère de l’Éducation Nationale

Le Loup et l’Agneau

Ésope, Fables, VIe siècle av. J.-C.

Un loup avisa un agneau qui s’abreuvait à une rivière, et voulut avancer un prétexte captieux pour s’en régaler.
Il alla donc se poster en amont, puis l’accusa d’agiter la vase, l’empêchant ainsi de boire. L’agneau objecta qu’il ne buvait que du bout des lèvres, et qu’il lui était d’ailleurs impossible, étant en aval, de troubler l’eau en amont. Voyant que son grief faisait long feu, le loup reprit : « Mais l’an dernier, tu as insulté mon père ! » L’agneau rétorqua qu’à l’époque, il n’était même pas né.
Alors le loup : « Tu ne manques peut-être pas d’arguments pour ta défense, mais je ne t’en mangerai pas moins ». La fable montre que face à des gens résolus à se montrer iniques, le plus juste plaidoyer reste sans effet.

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Phèdre, Les Fables, Ier siècle av. J.-C.

Au même ruisseau la soif avait entraîné
Le loup et l’agneau. Le loup était en amont,
L’agneau, loin en contrebas. Mû par sa voracité,
Le brigand sans scrupules se mit à lui chercher noise :
« Pourquoi donc as-tu, dit-il, rendu l’eau troublée
Au moment où je buvais ? » Le porte-laine, tremblant :
« Dis-moi, loup, comment je peux être cause de tes maux
Puisque le courant descend de toi jusqu’à moi ? »
Le loup, confondu par un argument si fort,
Reprit : « voilà plus de six mois, tu as médit de moi.
— Moi ? répondit l’agneau, mais je n’étais pas né.
— Alors, morbleu, c’est ton père qui a médit de moi »
Il le prit, le mit en pièces, une injuste mise à mort.
La fable fut écrite pour ces sortes de gens
Qui, sous de vains prétextes, oppriment l’innocent.


La Fontaine, Fables, livre I, fable 10

La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l’allons montrer tout à l’heure.
Un Agneau se désaltérait
Dans le courant d’une onde pure.
Un Loup survient à jeun, qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
« Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
— Sire, répond l’Agneau, que Votre Majesté
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu’elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d’Elle ;
Et que par conséquent, en aucune façon
Je ne puis troubler sa boisson.
— Tu la troubles, reprit cette bête cruelle ;
Et je sais que de moi tu médis l’an passé.
— Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ?
Reprit l’Agneau ; je tette encor ma mère
— Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.
— Je n’en ai point. — C’est donc l’un des tiens ;
Car vous ne m’épargnez guère,
Vous, vos Bergers et vos Chiens.
On me l’a dit : il faut que je me venge. »
Là-dessus, au fond des forêts
Le Loup l’emporte et puis le mange,
Sans autre forme de procès.

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Aurélien Scholl, Les Fables de La Fontaine filtrées, 1885

Après quoi, pris de somnolence,
Le Loup se coucha tout du long
Dans un vallon
Afin de cuver sa pitance.
Mais, comme il avait trop mangé,
Il ne fut pas longtemps sans être dérangé.
La tête lui tournait, il était à la gêne,
Et, s’appuyant sur le tronc d’un arbre,
Quoi qu’il fît pour se retenir,
Il se mit bientôt à vomir.
Au beau milieu de sa nausée,
Survient le fermier du château.
À la bête mal avisée :
— Qu’as-tu fait, dit-il, de l’Agneau ?
— Connais pas, fit le Loup d’une voix chevrotante.
— Tu m’en as pris deux, l’an passé.
— Comment l’aurais-je fait, si je n’étais pas né ?
— Si ce n’est toi, c’est donc ta tante ?
Là dessus, à coup de bâton,
Le fermier dépêche à Pluton
Cette bête trop arrogante.
Comme les conquérants aux trésors mal acquis,
L’estomac, quoiqu’il veuille attendre,
Est souvent obligé de rendre
Ce qu’il a pris.


Raymond Queneau, Battre la campagne, 1967

« L’Agneau et le Loup »

Dans le buisson broute un loup
un loup de la belle espèce
il boit aussi l’eau claire
du ru pur

un agneau vient à passer
un agneau de la belle espèce
pourquoi, dit-il, troubler
mon ru pur ?

le loup voudrait bien s’en aller
la queue entre les jambes
mais l’agneau se met à cogner
près du ru pur

Il coule un peu de sang sur l’herbe
le loup s’enfuit l’agneau triomphe
pisse alors dans l’H20
du ru pur

j’ai composé cette fable
au fond d’une forêt profonde
en trempant mes pieds dans l’onde
d’un ru pur.

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Pierre Perret, « Le Loup et l’Agneau en argot », 1994

Sur le vaste échiquier de not’ mond’ de misère
Un agnelet nature qui tétait l’onde claire
Se gourait pas un poil éclusant la lancequine
Qu’un loup l’cherchait partout pour en faire un Tajine.

— Viens ici p’tit loubard, qui t’a filé l’condé
De tremper ton gros blair dans mon sirop d’ablette ?
— Mais sire, je savais pas, j’en ai sifflé qu’un dé
Ce n’est pas pour si peu que vous m’faites la courette ?

Le loup à toute bubure enjambe le cresson
Poursuivant l’innocent qui a plus un poil de sec.
Le loup certes est plus fort, mais en guise de leçon
On verra qu’un teigneux peut tomber sur un bec.

Finalement comme chez nous, y a des moutons bêlants
Y a des faibles et des forts, y a des noirs et des blancs…
Le roi, lui, il s’en tape, il est pas dans l’troupeau
Il compte en s’endormant ceux qui paient des impôts.

Moralité :
Tuer un p’tit agneau sans défense ?
… C’est bien laid…
Mais c’est pas dégueulasse avec des flageolets !

Varier les points de vue

Exercices d’écriture

a) « La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. » (Aragon, Aurélien). Écrivez la suite de ce récit en conservant la même narration (troisième personne) et la focalisation interne (du point de vue d’Aurélien).

b) « La deuxième fois que Bérénice vit Aurélien, elle le trouva franchement… ». Poursuivez cette amorce en racontant la deuxième rencontre des personnages avec une focalisation interne du point de vue de Bérénice.

c) Racontez la troisième rencontre des personnages et l’issue de leur histoire en adoptant un point de vue omniscient.

Metsys-La duchesse laide ou vieille femme grotesque-1513

Quentin Metsys, La duchesse laide (ou Vieille femme grotesque), 1513