Archives de catégorie : Repères littéraires

BNF – Utopie, la quête de la société idéale en Occident

Cette exposition propose de comprendre ce qui pousse l’homme à cette quête d’une société idéale sur plusieurs périodes. Organisé de façon chronologique et richement illustré, le dossier développe les différents aspects de cette quête.

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BNF – Émile Zola

L’exposition retrace à travers manuscrits, imprimés, affiches publicitaires et photographies, l’univers de l’écrivain. Le site donne accès à de larges extraits des dossiers préparatoire de Zola au cycle des Rougon-Macquart, et plus particulièrement à l’Assommoir et Au Bonheur des Dames.

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Site de la BNF - Exposition sur E. Zola
Site de la BNF – Exposition sur E. Zola

Le lien ci-dessous vous propose une lecture à la fois ludique et enrichie d’un de ses romans majeurs : Au Bonheur des Dames.

La partie « Lire » est centrée sur la lecture et la découverte du texte. Lambert Wilson donne une interprétation vivante et personnelle de larges extraits du roman. Des notes, fiches documentaires et illustrations issues des collections de la BnF et puisant largement dans les catalogues des grands magasins et illustrations de mode de l’époque viennent compléter cette découverte. Le lecteur peut également consulter une sélection de feuillets manuscrits, avec leur retranscription, du dossier préparatoire, recueil d’enquêtes, notes et ébauches, prises par l’écrivain en amont de la rédaction du roman, et apportant un précieux témoignage sur la méthode de travail du romancier.

La partie « Explorer » invite à aborder à travers ce roman un siècle de transformations sociales et de mouvements artistiques. Huit thèmes sont privilégiés : les femmes, la révolution industrielle, la naissance du commerce moderne, l’impressionnisme, l’orientalisme, le monde du travail, les transformations de Paris, Zola écrivain… Pour chacun, un témoignage audiovisuel, une anthologie et un album enrichissent la réflexion.

Zola - Au Bonheur des Dames
Zola – Au Bonheur des Dames

« Oh ! Les beaux jours » (Beckett)

En 1964, France Culture proposait une captation de la pièce de Samuel Beckett « Oh les beaux jours » créée par Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault dans une mise en scène de Roger Blin, à l’Odéon, Théâtre de France. Il s’agissait de la première mise en scène de cette pièce écrite en 1961 par Beckett.

  • Présentation : André Saudemont
  • Mise en scène : Roger Blin
  • Avec Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault
  • Odéon / Théâtre de France
  • 1ère diffusion : 16/02/1964
  • Archive Ina-Radio France

Atelier d’écriture (musée de Martainville)

Suite à une visite du musée des traditions et des arts normands du château de Martainville, les élèves de 2nde 7 ont participé à un concours d’écriture.

Ils devaient, à la manière des courts récits de Maupassant et Flaubert lus en classe, inventer à leur tour une nouvelle réaliste, en exploitant les informations collectées lors de leur parcours de visite sur le mode de vie des paysans au XIXème siècle, dans les pays de Caux et de Bray. 

Voici le texte écrit par Hugo Ferreira qui a été retenu par les élèves : celui-ci s’inspire librement du conte « Un Cœur Simple » de Flaubert. Les photos qui illustrent le récit ont été prises au château lors d’une séance de reconstitution en costume d’époque.

Pendant un demi-siècle, les bourgeoises de Martainville envièrent à Mme Aubain sa servante Félicité. Celle-ci travaillait de l’aube au crépuscule, sans jamais s’accorder la moindre pause, et était l’une de ces rares domestiques qui veillait outre son travail quotidien au bien-être de sa maîtresse. La famille Aubain possédait une opulente ferme, si vaste qu’elle englobait le hameau d’Orgebray tout entier.

Madame Aubain ne trahissait pour rien au monde ses habitudes. Elle avait coutume de rendre visite aux châtelains du village tous les dimanches après la messe. Elle discutait et riait sur des sujets plus insignifiants les uns que les autres. De son côté, Félicité tentait pendant ce temps d’enrôler quelques journaliers dans la cour du château car la ferme d’Orgebray manquait cruellement de main-d’œuvre.

Charmés par sa beauté, les paysans acceptaient l’offre d’emploi même pour une modique paie, laissant la servante croire qu’elle avait un véritable don pour convaincre.

Un dimanche, Félicité rencontra deux nouveaux visages qu’elle approcha dans l’écurie. Les deux hommes poussaient une imposante charrette destinée aux récoltes. Elle les interpella et les interrogea sur leur village d’origine. Ils lui répondirent qu’ils étaient originaires de Bois-l’Évêque. Le travail venant à manquer dans ce petit village d’à peine deux cent cinquante âmes, ils durent se résoudre à proposer leurs services ailleurs, changeant à l’occasion tous les jours d’exploitation agricole.

Comme à son habitude, Félicité leur proposa de venir travailler chez sa maîtresse pour une paie de dix francs par jour. Pierre, le plus âgé et bourru des deux hommes, déclina sèchement la proposition et s’en alla porter la charrette devant l’entrée principale en grommelant. Ignace, quant à lui, se fit plus chaleureux et s’empressa d’accepter, envoûté par l’imposante poitrine et les joues rosies de la domestique. Félicité, heureuse d’avoir accompli sa mission dominicale, salua avec gratitude Ignace et s’apprêtait à rejoindre Madame Aubin quand le journalier la reteint en posant soudainement sa rude et froide main sur son épaule. Elle se retourna et le paysan conscient de la brusquerie de son geste lui demanda sur un ton aimable : « La p’tite dame serait-elle intéressée par une visite du domaine ? ». Surprise par cette demande inattendue, Félicité hocha la tête et s’exclama : « Oui ! Je le suis ! ». Ignace l’amena dans les jardins du château et lui montra des espèces de fleurs rares.

Il ne pouvait s’empêcher de les comparer au doux visage de Félicité. C’était la première fois qu’un homme se montrait affectueux envers elle. Elle avait encore à l’esprit l’amer souvenir de son père, un modeste maçon, pochard et brutal, qui la battait si violemment, que son corps portait encore aujourd’hui les stigmates de ses gestes. Émue aux larmes, la servante le serra alors longuement contre sa poitrine. Cet instant de bonheur, le tout premier de Félicité, prit fin lorsque la voix de Madame Aubin s’éleva au loin.

Elle fit promesse à Ignace de le rejoindre cette nuit. La voyant s’éloigner, le journalier se remémorait alors avec délice l’accolade et frappa soudainement le sol, mécontent de ne pas avoir eu l’audace de l’embrasser.

Le visage de Félicité hantait l’esprit du jeune garçon. Assise sur le coffre à sel de la cuisine, la servante quant à elle ne pouvait le chasser de sa tête et elle passa de longues minutes à s’imaginer à ses côtés. Elle se ressaisit lorsqu’elle entendit le carillon de l’Église sonner sept fois. Traditionnellement, la famille Aubain soupait à dix-neuf heures. Félicité n’avait encore rien préparé. Elle mit la soupe à réchauffer dans le landier et se hâta d’aller chercher le service en faïence que Madame avait acheté à la manufacture de Forges-les-Eaux afin de dresser le couvert. Elle s’empressa de ranger le crémier, le moulin à grains et à sucre pour faire de la place sur la grande table en bois de chêne.

A l’heure du repas, un impressionnant cortège pénétra dans la pièce. La famille Aubain ouvrait ce défilé, suivie par le charretier et le vacher et enfin par les journaliers. Félicité se tenait debout et servait les convives un par un en fonction de leur ordre d’arrivée. Le souper s’acheva une heure plus tard. Les convives saluèrent la maîtresse de maison et ses enfants puis s’en allèrent retrouver leur modeste chaumière. Le temps paraissait interminable à la servante et les minutes lui semblaient s’égrener lentement. Elle resta un long moment dans l’arrière-cuisine afin de ne pas éveiller les soupçons et lorsqu’elle jugea que tout le monde s’était endormi, elle quitta la ferme pour rejoindre Ignace au château de Martainville.

Le journalier l’attendait près du pigeonnier. Il maintenait à ses pieds le fruit de sa dure journée de labeur. La jeune femme lui raconta quelques anecdotes de sa journée avant de le prendre de nouveau dans ses bras. Ignace lui proposa de se rendre au gîte afin de continuer cet entretien en toute discrétion, les rumeurs pouvant aller bon train dans le pays. Lorsqu’ils arrivèrent au logis, Félicité, submergée par les émotions, chercha à se rassurer en lui proposant ce qu’elle faisait le mieux. Machinalement, elle saisit la crémaillère à trois branches et s’attela à la préparation d’un potage. Ignace, alors installé sur le lit alcôve, s’approcha à pas de loup et l’enlaça violemment. Félicité s’esclaffa dans un premier temps, surprise par ce geste, avant de lui demander de la lâcher, gênée par sa brutalité. Mais, le paysan continuait, en la serrant encore plus fort. Paniquée, elle tenta de le blesser avec une bûche qu’elle prit soudainement dans le landier. Ignace esquiva le coup et retira violemment la coiffe de la servante. Félicité croyait revoir son père. Elle le somma d’arrêter mais rien n’arrêtait le goujat ; elle était maintenant prisonnière de ses bras. Il la força à avancer en direction du lit et brusquement il la contraignit à enlever sa jupe de laine.

Le lendemain matin, Ignace avait quitté le village, abandonnant Félicité, honteuse et recroquevillée au pied du lit. Personne ne s’aperçut de son absence ce soir-là de la demeure de Mme Aubain. Le soleil naissant chassait la brume sur Martainville et la vie reprit progressivement son cours sans que Félicité ne trahisse son lourd secret. Les saisons passèrent et bientôt son ventre s’arrondit. Elle prit toutes les précautions pour le dissimuler et parvenait à esquiver toutes les questions qui portaient sur son embonpoint. Mais, ne pouvant continuellement se cacher, sa maîtresse finit par comprendre la mascarade et prit conscience de l’horreur. Madame Aubain ne pouvait accepter pareille humiliation en sa demeure, elle l’astregnit à abandonner son enfant à sa naissance en le déposant à l’hospice des orphelins. Une servante n’avait pas à s’encombrer d’un enfant illégitime !

Martainville enterrait alors la mère que la jeune amoureuse naïve aurait aimé devenir pour la condamner définitivement à ce rôle de servante-modèle que jalouseraient encore toutes les bourgeoises du village.

Hugo Ferreira, élève de 2nde 7