Archives de catégorie : La poésie

Liste des oeuvres en première (rentrée 2021)

Le programme de français fixe quatre objets d’étude pour la classe de première. Chacun des objets d’étude associe une œuvre choisie par le professeur parmi les 3 mentionnées ci-dessous dans un programme national et un parcours permettant de la situer dans son contexte. Soit :

  • 4 œuvres intégrales au choix du professeur parmi 12 (3 par objet d’étude)
  • 4 parcours liés aux objets d’étude
  • 4 lectures cursives

CLASSE DE PREMIÈRE, VOIE GÉNÉRALE

La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle

  • Victor Hugo, Les Contemplations, livres I à IV / parcours : Les Mémoires d’une âme.
  • Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal / parcours : Alchimie poétique : la boue et l’or.
  • Guillaume Apollinaire, Alcools / parcours : Modernité poétique ?

La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle 

  • Rabelais, Gargantua / parcours : rire et savoir.
  • La Bruyère, Les Caractères, livres V à X / parcours : la comédie sociale.
  • Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (du « préambule » au « postambule ») / parcours : écrire et combattre pour l’égalité.

Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle

  • Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves / parcours : individu, morale et société.
  • Stendhal, Le Rouge et Noir / parcours : Le personnage de roman, esthétiques et valeurs.
  • Marguerite Yourcenar : Mémoires d’Hadrien / parcours : Soi-même comme un autre.

Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle

  • Molière, Le Malade imaginaire / parcours : spectacle et comédie.
  • Marivaux, Les Fausses confidences / parcours : théâtre et stratagème.
  • Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde / parcours : crise personnelle, crise familiale.

CLASSE DE PREMIÈRE, VOIE TECHNOLOGIQUE (STI2D / STMG)

La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle

  • Victor Hugo, Les Contemplations, livres I à IV / parcours : Les Mémoires d’une âme.
  • Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal / parcours : Alchimie poétique : la boue et l’or.
  • Guillaume Apollinaire, Alcools / parcours : Modernité poétique ?

La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle :

  • Rabelais, Gargantua, chapitres XI à XXIV / parcours : la bonne éducation.
  • La Bruyère, Les Caractères, livre XI « De l’Homme » / parcours : peindre les Hommes, examiner la nature humaine.
  • Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (du « préambule » au « postambule ») / parcours : écrire et combattre pour l’égalité.

Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle

  • Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves / parcours : individu, morale et société.
  • Jules Verne, Voyage au centre de la Terre / parcours : Science et fiction.
  • Nathalie Sarraute, Enfance / parcours : Récit et connaissance de soi.

Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle

  • Molière, Le Malade imaginaire / parcours : spectacle et comédie.
  • Marivaux, L’Île des esclaves / parcours : maîtres et valets.
  • Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde / parcours : crise personnelle, crise familiale.

Debussy et Verlaine

« Il pleure dans mon cœur » interprété par Barbara Hendricks (voix) et Michel Beroff (piano).


« Ariettes oubliées I » interprété par Barbara Hendricks (voix) et Michel Beroff (piano).

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Pour préparer l’entretien

Il est intéressant de noter que C. Debussy est confié pendant la guerre de 1870 à Antoinette Mauté de Fleurville, élève de Chopin et belle-mère de Verlaine. C’est elle qui le prépare au Conservatoire de Paris qu’il intègre en 1872. Il y étudiera le piano et composera ses premières mélodies en 1879 sur des textes d’Alfred de Musset (« Madrid », « Ballade à la lune »). Durant toute sa carrière, C. Debussy s’est attaché à explorer la relation entre la poésie et la musique. C’est en 1887 en s’installant à Paris qu’il commence à fréquenter les peintres impressionnistes et les poètes symbolistes tels que Verlaine (ses Mélodies sont composées à partir des Ariettes oubliées), Mallarmé (avec qui il se lance dans le projet théâtral autour du poème L’après-midi d’un faune) et Rimbaud.

Quelques éléments d’écoute musicale :

Ariettes oubliées I : on remarquera que la musique se fait discrète, elle prolonge simplement le texte poétique et le met en valeur. Le piano reste en retrait et accompagne délicatement la voix de la cantatrice soprano (voix de femme, la plus élevée des voix) qui passe de l’envolée lyrique au chuchotement plus intime.

Il pleure dans mon cœur : le piano mime la pluie régulière et s’oppose à la voix qui semble tourner sur elle-même en une sorte de danse lancinante pour suggérer un malaise, une obsession.

Ces éléments sont suffisants, il est improbable qu’on vous en demande davantage. L’objectif est de montrer que les notes musicales suggèrent tout autant que le jeu des sonorités du poème. Reprenez les éléments d’interprétation de votre lecture analytique et montrez que la musique permet de les mettre en relief. Il est également possible que l’examinateur cherche à connaitre vos impressions personnelles. Sentez-vous libre alors de développer votre sensibilité.

Les brouillons de Baudelaire

afpLes épreuves corrigées des « Fleurs du mal » révèlent un autre Baudelaire

Pratiquement aucun de ses poèmes n’échappe à l’œil critique de Baudelaire qui biffe et rectifie à la plume tout ce qui lui semble incorrect. Le poète corrige une virgule mal placée ici, demande la modification de la police de caractère là, exige la modification de l’orthographe d’un mot ici encore. Tel Sisyphe, ce perfectionniste semble n’avoir de cesse de retravailler son texte. Certains poèmes sont corrigés à plusieurs reprises. Au final, cela donne un extraordinaire document que les éditions des Saints Pères ont pris l’initiative de publier pour la première fois. L’édition initiale, numérotée, ne comptera que 1000 exemplaires.

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Gustave Courbet, « Portrait de Baudelaire »

Ces épreuves corrigées ont été préemptées par la Bibliothèque nationale de France (BnF) en juin 1998 lors d’une vente aux enchères chez Drouot pour 3,2 millions de francs, une somme colossale pour ce type de document. Jamais encore publié, ce livre rare était consultable sur le catalogue numérique de la BnF, Gallica, mais le confort de lecture, la qualité de l’impression font de l’ouvrage publié ce lundi un document incomparable. Le livre de grand format (25×35 cm) est présenté dans un coffret. L’ouvrage est illustré par 13 dessins au crayon et à la plume qu’Auguste Rodin avait insérés dans son propre exemplaire des « Fleurs du mal ». Les mille remarques de Baudelaire avant d’accorder son « bon à tirer » à l’imprimerie agacent parfois son éditeur. Sur la page de garde, il se plaint : « Mon cher Baudelaire, voilà 2 mois que nous sommes sur les Fleurs du mal pour en avoir imprimé cinq feuilles. »

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Émile Deroy, « Baudelaire »

En fait de poète maudit, on découvre un Baudelaire tatillon, défenseur de la virgule, de l’accent aigu plutôt que de l’accent grave, de l’usage ou non de l’accent circonflexe. Dans la marge de « Bénédiction », un des premiers poèmes du recueil, Baudelaire s’interroge ainsi sur le mot « blasphême » tel qu’il est imprimé sur l’épreuve à corriger. « Blasphême ou blasphème ? gare aux orthographes modernes ! » met-il en garde. Des strophes sont modifiées comme dans « Un voyage à Cythère ». La robe de la muse ne s’ouvre plus « à des brises légères », mais « aux brises passagères ». Les deux dernières strophes de « Spleen », l’un de ses poèmes les plus connus (« Quand le ciel bas et lourd…), sont presque entièrement remaniées. La plume du poète barre la moitié des vers de la dernière strophe. Le livre est finalement publié le 25 juin 1857 chez Poulet-Malassis et de Broise. C’est une consécration pour le poète qui, comme en témoignent ses contemporains, aurait terminé la composition de la majeure partie de son sulfureux recueil au début des années 1850.

Quelques jours après la sortie des « Fleurs du mal », Baudelaire s’attire les foudres de la presse. La direction de la Sûreté publique saisit aussitôt le parquet pour offense à la morale publique et religieuse, et aux bonnes moeurs. L’auteur sait cependant que son écriture survivra. En juillet 1857, il écrit à sa mère : « On me refuse tout, l’esprit d’invention et même la connaissance de la langue française. Je me moque de tous ces imbéciles, et je sais que ce volume, avec ses qualités et ses défauts, fera son chemin dans la mémoire du public lettré, à côté des meilleures poésies de Victor Hugo, de Théophile Gautier et même de Byron. »

Source : dépêche AFP, le 15 juin 2015.

Baudelaire (illustration Google pour "L'Albatros")
Illustration Google faisant référence au poème de Baudelaire « L’Albatros »
L’albatros

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

Pierre de Ronsard

« Je vous envoie un bouquet »

Je vous envoie un bouquet que ma main
Vient de trier de ces fleurs épanies ;
Qui ne les eût à ce vêpre cueillies
Chutes à terre elles fussent demain.

Cela vous soit un exemple certain
Que vos beautés bien qu’elles soient fleuries
En peu de temps cherront toutes flétries
Et comme fleurs périront tout soudain.

Le temps s’en va, le temps s’en va, ma Dame,
Las ! le temps non, mais nous, nous en allons,
Et tôt serons étendus sous la lame ;

Et des amours desquelles nous parlons,
Quand serons morts, n’en sera plus nouvelle ;
Pour ce, aimez-moi cependant qu’êtes belle.


« Ciel, air et vents »

Ciel, air et vents, plains et monts découverts,
Tertres vineux et forêts verdoyantes,
Rivages torts et sources ondoyantes,
Taillis rasés et vous bocages verts,

Antres moussus à demi-front ouverts,
Prés, boutons, fleurs et herbes roussoyantes,
Vallons bossus et plages blondoyantes,
Et vous rochers, les hôtes de mes vers,

Puis qu’au partir, rongé de soin et d’ire,
A ce bel oeil Adieu je n’ai su dire,
Qui près et loin me détient en émoi,

Je vous supplie, Ciel, air, vents, monts et plaines,
Taillis, forêts, rivages et fontaines,
Antres, prés, fleurs, dites-le-lui pour moi.

ronsard