La « monophobie »

La nomophobie n’est pas la « phobie des lois » comme son étymologie semble l’indiquer. Le terme provient de la contraction de l’expression anglaise « no mobile phobia ». Il représente la peur excessive d’être séparé de son téléphone mobile. Le mot a été inventé en février 2008 par la United Kingdom Post Office pour étudier les angoisses subies par les utilisateurs de téléphones mobiles. 


Une étude sur « L’impact de la séparation d’avec son mobile sur la cognition, l’émotion et la physiologie », publiée en janvier 2015, a été menée auprès de 208 étudiants journalistes. Prétextant le besoin d’essayer un nouveau tensiomètre sans fil, l’équipe a mesuré la pression sanguine et la tension artérielle des étudiants invités à dresser une liste des 50 États américains. À mi-parcours, les chercheurs leur ont annoncé qu’il était préférable de se séparer de leurs téléphones portables « pour ne pas créer d’interférences avec le matériel médical », et ont demandé 
aux étudiants de recommencer le test 
de zéro. 


À chaque fois que les participants ont été déconnectés, les chercheurs ont constaté une augmentation significative de l’anxiété, du rythme cardiaque, des niveaux de pression artérielle et une diminution significative de la performance aux tests. L’équipe parvient alors à la conceptualisation de deux nouveaux phénomènes. D’une part, le téléphone est devenu « une extension de soi-même », au point que l’on peut parler d’un « soi connecté » ou « iSelf ». D’autre part, la personne souffrant de nomophobie a l’impression d’avoir perdu une part d’elle-même, ce qui « peut avoir un impact négatif sur ses performances mentales ».

Article issu de la revue Sciences Humaines, mars 2015.